Interview Index
Magazine
Mai / Juin 2001 - Index Magazine.
Interview.
© Index Magazine, 2001 - www.indexmagazine.com.
Traduction © Thomas Van Hoecke, 2001.
Interview
révisée mise en ligne sur le site The
Aphex Twin Community.
MEREDITH : Je viens juste de me rendre
compte que je n'ai pas entendu la sonnerie du téléphone depuis
que je suis ici.
RICHARD : J'ai complètement abandonné mon téléphone. C’est
la meilleure chose j'ai jamais faite.
MEREDITH : Parfois j'ai envie de faire la même chose.
RICHARD : En réalité, j'ai un téléphone, mais il est
en bas où je ne peux pas l'entendre. Avant, il était ici,
ensuite je l’ai mis dans une autre pièce et puis dans un
autre qui était plus loin. Finalement, j'ai éteint la sonnerie
et j’ai juste laissé le répondeur téléphonique en marche.
Mais j’entendais toujours le déclic de la cassette et c'était
assez pour me donner une molécule de stress, donc je l'ai mis
en bas. J'ai aussi changé mon numéro plusieurs fois. En le
donnant seulement à mes copains. Maintenant plus personne ne
m'appelle – tout le monde a totalement renoncé.
MEREDITH : Ils ne se donnent même plus la peine
d’essayer.
RICHARD : Ils m’envoient juste des e-mails. Quoique ce
soit bizarre de recevoir des courriers électroniques sur mon
ordinateur parce que j'ai horreur mélanger le business avec la
musique.
MEREDITH : C’est pour ça que vous avez tant
d'ordinateurs différents ? Un pour les affaires, un pour les
jeux, un pour la musique ?
RICHARD : C’était pour ça. Mais ils étaient tous mis
en réseau et la situation est devenue trop ennuyeuse et
embrouillée. Maintenant j’ai gardé juste un ordinateur
portable avec tout dedans. Tous mes comptes et des trucs de
business sont à côté du répertoire plein de morceaux de
musique. L'ordinateur portable a rendu plus sympathiques les
choses ennuyeuses.
MEREDITH : Jouez-vous aux jeux vidéo ? Je ne vois pas de
console Nintendo par ici.
RICHARD : Vous ne regardez pas au bon endroit. [rires] Il
y a une boîte pleine de merdes juste là.
MEREDITH : Et la Play Station 2 ?
RICHARD : Non, je ne suis pas trop là dedans. J'aime les
jeux de stratégie comme les échecs. Je joue avec mon ami John.
Il y a aussi ce jeu vidéo auquel nous jouons qui s’appelle
Total Annihilation, où deux tribus se battent pour prendre le
contrôle d'une civilisation. Ca a l’air merdique, mais en réalité
c’est un war game très intelligent. Vous ne pouvez pas vous
en lasser parce qu'il y a énormément de possibilités différentes
pour affronter votre adversaire. J'aime ce genre de jeux.
MEREDITH : Je les déteste ! [Tous les deux rient]
Combien y a-t-il d’étages dans cette maison ?
RICHARD : Cinq. C'était un peu un pari de venir ici
parce que c'est un secteur non résidentiel. Mais j'ai justement
pensé que ce quartier, qui est dans une zone merdique et pas chère
de Londres, serait parfait. Mon ami Chris, Cylob, vit au
rez-de-chaussée – c’est son monde. Ensuite il y a un autre
mec, Victor, qui est au deuxième étage et, moi, je suis ici en
haut. De temps à autre, je colle à ma tête contre les murs
quand Cylob fait ses morceaux en bas. Il est vraiment bon.
Victor fait de la musique aussi, mais il ne me la passe jamais,
probablement parce qu'il pense que je la détesterai.
MEREDITH : Cylob est sur votre label, non ?
RICHARD : Ouais. Nous sommes très amis.
MEREDITH : Où avez-vous vécu avant ça ?
RICHARD : Dans une grande maison pleine de gens. Il y
avait dix personnes dans environ six pièces.
MEREDITH : C'était là qu’il n’y avait pas de
chauffage ?
RICHARD : Il n'a pas de chauffage maintenant. Il y en
avait quand j'étais là-bas, mais je suppose qu'ils l'ont cassé.
Je déteste vraiment les maisons trop chauffée. La chaleur vous
brouille le cerveau.
MEREDITH : Oui, on ne peut pas travailler comme ça.
J'aime mieux quand il fait froid.
RICHARD : En fait, quand j’ai froid je deviens
nostalgique. Ca me rappelle quand j’étais petit, parce que la
maison où j’ai grandi n'avait pas de chauffage du tout.
J'avais ma chambre en bas et je me réveillerais toujours complètement
glacé. J'aimais vraiment aller me coucher quand il gelait et
que tout devenait confortable.
MEREDITH : Moi aussi. Cet pièce doit devenir assez
chaude en été. Vous avez un mur de fenêtres.
RICHARD : Ouais, je dois faire fonctionner plusieurs
ventilateurs parce que tout mon matériel réchauffe vraiment la
pièce.
MEREDITH : Vous semblez toujours travailler sur tout un
tas de projets en même temps.
RICHARD : J’ai toujours une trentaine de morceaux en
cours. Je n’ai pas touché à certains depuis une éternité,
mais je sais qu'ils sont bons - ils attendent juste leur tour.
MEREDITH : Passez-vous d'habitude une session de travail
sur une seule chose ou vous vous dispersez ?
RICHARD : Je me disperse. Quand quelque chose marche, je
peux souvent voir le but que j’ai à atteindre et ce que
j’ai à faire pour terminer. D'autres fois, je travaille par
à coups, donc je peux revenir en arrière et penser "Ouais
c’est vraiment une idée délirante qui vaut la peine de
passer trois jours dessus." J'essaye de maximiser mon temps
- je ne suis pas obsédé par mes morceaux. Les meilleures
choses que j'ai faites sont toujours venues quand je ne réfléchissais
pas à ce que je faisais.
MEREDITH : Donc vous ne vous forcez jamais. C'est drôle,
un peintre m'a dit une fois, "Chaque fois que vous êtes
sur le point d’arrêter, continuez à travailler pendant une
heure de plus."
RICHARD : Si je faisais ça, ce serait un désastre. Je
me suis forcé à travailler sur des trucs alors que je n'étais
pas dans l'humeur et j’ai fini par les détester. Je veux
associer la fabrication de la musique avec des bonnes choses,
pas avec des choses désagréables.
MEREDITH : Certains de vos morceaux sont pourtant
agressifs…
RICHARD : Ouais, mais ils ne me donnent pas ce sentiment.
Je les ai faits avec un sourire aux lèvres. En réalité, je
n'ai jamais pensé à faire quelque chose qui me fasse me sentir
mal. Jamais jusqu'à présent. Cela pourrait être une voie intéressante
à explorer.
MEREDITH : La vie dans la ville ne vous embête jamais ?
RICHARD : Quand on vit à Londres, on a toujours
l’impression de manquer de temps. C'est ce que je déteste. Je
veux aller passer un peu de temps dans ma maison de campagne au
Pays de Galles et faire quelques morceaux là-bas.
MEREDITH : Vous allez traîner tout votre matériel avec
vous ?
RICHARD : Non, je prend peu de choses. Je n'ai rien là
bas, sauf un livre. Et j'apporte mon ordinateur portable qui
suffirait pour me distraire pour toute une vie. Ce qu’il y a
sur mon disque dur pourrait me suffire sans jamais avoir besoin
de me connecter à Internet. C'est effrayant.
MEREDITH : Je peux seulement l’imaginer. Quand
avez-vous commencé à écrire vos propres programmes
informatiques ?
RICHARD : Je l’ai toujours fait. J'ai commencé quand
je jouais sur des ordinateurs. J’écrivais juste des jeux
merdiques et des programmes de musique. Mais j'ai arrêté
d'utiliser des ordinateurs pendant une longue période. Je viens
juste de m’y remettre.
MEREDITH : Vous utilisiez seulement l'électronique
pendant cette période ?
RICHARD : Ouais, juste des synthés et d’autres trucs.
MEREDITH : Vous n'utilisiez même pas d'ordinateurs pour
le séquençage ?
RICHARD : Ouais, mais pas pour le son. Je suis revenu à
l'utilisation des ordinateurs quand les Mac sont redevenus bons.
Je ne pouvais pas les ignorer plus longtemps - il y avait trop
de nouvelles choses excellentes à essayer.
MEREDITH : Comme quoi ?
RICHARD : Principalement, des logiciels vraiment intéressants.
Il y a toujours eu des choses intéressantes là-dedans mais
sans Internet vous ne pouviez pas vraiment les trouver. C’est
dur de se souvenir de l’époque d’avant Internet, mais quand
j'avais quinze ans ou seize, je ne pouvais pas avoir de bons
logiciels parce que je n'avais pas l'argent pour. Personne ne
savait ce qu’était la musique électronique, donc ce n’était
pas la peine d’espérer avoir la queue d’un logiciel intéressant
venant d'une institution universitaire ou d’ailleurs.
MEREDITH : Et maintenant, ils enseignent l'Histoire de
Musique Électronique.
RICHARD : Ouais, je ne savais même pas qu’on pourrait
faire des cours sur la musique électronique jusqu'à il y a
environ six ans. Je pensais que j'étais la seule personne que
ça intéressait.
MEREDITH : Oui, c’est vrai ! Téléchargez-vous
beaucoup de logiciels sur le net ?
RICHARD : Des tonnes. Je viens juste de comprendre le
fait que je ne serai jamais capable de tout essayer. Quand j'ai
commencé avec la musique sur ordinateur, la seule possibilité
pour devenir vraiment bon était d'apprendre les programmes de
fond en comble, pour parfaitement les contrôler. Donc j'avais
toujours cette mentalité. Mais si vous vous mettez au net avec
cette mentalité, vous allez disjoncter. Ca peut prendre une année
pour devenir vraiment bon dans un type de logiciel. Donc si vous
avez cinquante programmes qui sont bien compliqués et que vous
êtes obsédé par le fait de devenir un expert, ce n’est pas
vraiment une bonne nouvelle. Savoir qu'il y a tant de choses intéressantes
accessibles seulement grâce à une recherche approfondie (des
choses que je ne verrai jamais) est tout à fait irritant.
MEREDITH : Comment faites-vous pour trouver des nouveaux
trucs ? Vous et vos amis devez faire circuler l'information
constamment.
RICHARD : Je laisse mes antennes toujours sorties, mais
en réalité je suis le fournisseur de la plupart de mes
copains. Par exemple, mon ami Neil n'a pas de connexion à
Internet. Il sait que je trouverai tous les bons trucs, donc il
ne perd pas de temps dans la recherche. Il se concentrer sur la
programmation.
MEREDITH : C’est étonnant de voir comment il est
devenu normal de télécharger de la musique sur le net à
partir de sites comme Napster.
RICHARD : Ouais, mais c’est bizarre, la plupart des
personnes emploient Napster comme si c'était HMV ou Tower
Records (ndt : équivalents de la Fnac ou de Virgin), juste
pour obtenir de la musique pop qu'ils peuvent trouver n'importe
où. Tandis que les gens créatifs utilisent Napster pour
obtenir la musique qu'ils ne pourraient jamais trouver
normalement.
MEREDITH : Imaginez que Napster ait existé quand nous
nous grandissions...
RICHARD : Mais je pense souvent à ça, grandir sans
avoir aucun disque. Récemment, j'écoutais des cassettes que
j'avais faites à partir de disques quand j'étais jeune. J’ai
toujours su qu’ils étaient moyens, mais je les aimais quand même - je prétendais
qu’ils étaient meilleurs que ce qu’ils étaient. Il y a
beaucoup à dire à ce sujet. La nouvelle génération ne ferait
jamais ça. Ils ont trop de choix. Ils n’ont qu’à aller sur
Napster.
MEREDITH : Ouais, mais tout le monde doit commencer
quelque part. Il est intéressant de réfléchir sur le fait que
certains ont d’abord l’idée de chercher quelque chose de
différent dès le départ.
RICHARD : C’est vrai. Où les gens issus de familles
moyennes trouvent-ils le déclencheur ? S'ils viennent d'une
famille qui ne joue pas de musique, ils doivent aller le trouver
eux-mêmes. C'est vraiment variable. Mes parents écoutaient
parfois la radio mais ils n'ont jamais vraiment écouté de
musique.
MEREDITH : Mes parents non plus.
RICHARD : C'est bon et mauvais. J’aurais adoré que mon
papa se soit intéressé à la musique. Comme le père de
Squarepusher qui était vraiment dans le dub, donc Tom a grandi
en écoutant des tonnes de sons. Mais en même temps, c’est
intéressant quand vous devez vous débrouiller tout seul.
MEREDITH : Oui, comme tous les gens qui produisent leur
propre musique et la mettent sur le web.
RICHARD : Je suis devenu vraiment bon dans la découverte
de MP3. J'ai rencontré des tonnes de gens qui ont leurs propres
fichiers en ligne et si leurs morceaux sont intéressants, je
leur écris et demande une démo. La plupart d'entre eux ne
croient pas que c’est moi. Le dernier type m’a dit, "je
suis flatté que vous aimiez ma musique, mais si vous voulez un
CD gratuit, pourquoi vous ne le demandez pas directement ?"
J'ai dit un truc du genre, "Non, vraiment, je suis moi
!" Nous avons eu une discussion entière où j'ai essayé
de le convaincre de qui j'étais. C’était comme dans un épisode
de La quatrième dimension.
MEREDITH : Mais vous avez finalement obtenu sa démo ?
RICHARD : Il a envoyé 150 morceaux sur un putain de CD
– ça m’a pris environ une année pour l'écouter. J’ai
pensé sortir la totalité des morceaux, mais je ne sais pas
s'il serait d’accord - le travail de sa vie pour dix Livres.
Mix Master Morris m’a dit qu'il a récemment trouvé un CD à
Moscou pour deux Livres où il y avait toutes mes morceaux.
J'attendais que ce genre de choses arrive. Finalement un jour,
vous pourrez aller au marché de Camden et tomber sur un type
vendant l’intégrale de chaque label électronique sur un CD
pour cinq Livres.
MEREDITH : Mais vous ne pensez pas que quelqu'un va finir
par inventer une sorte de police de l'industrie ?
RICHARD : Il y a trop d'échappatoires. En plus, le fait
que la musique ne soit plus protégée par le droit d'auteur est
déjà accepté. Pour les gamins qui se connectent à Napster,
c’est comme "Copyright ? De quoi tu parles ?" On ne
peut pas retourner en arrière maintenant. D’un autre coté,
j’ai gagné tout mon argent grâce aux droits d'auteur. Donc
je ne peux pas vraiment critiquer.
MEREDITH : C’est excellent de gagner de l'argent en
faisant que vous aimez.
RICHARD : Si je n'avais pas gagné d'argent, je
n’aurais pas renoncé à faire la musique. Je faisais plus de
musique à l’université, quand j'avais un job de merde. Je ne
pouvais pas attendre pour rentrer à la maison et commencer à
travailler. Je ne voudrais pas être dans cette position
maintenant mais le fait de me ruer dans ma chambre après avoir
été enfermé à l'école toute la journée était vraiment agréable.
MEREDITH : Vous deviez presque rentrer chez vous en
courant.
RICHARD : Ouais. Mais quand j'ai quitté l’université
et que j’ai commencé à faire juste de la musique, ça a mis
trois ans pour que je n’ai plus besoin d’avoir un job à coté.
Le fait d’avoir tout le temps que je voulais n'était pas si
bon – c’était dur d'être heureux, bien que ce soit ce que
j'avais désiré pendant des années. J'avais un peu d'argent et
plus besoin d’avoir un travail mais ce n'était pas aussi
excitant que de rentrer à la maison après avoir attendu de
pouvoir faire de la musique.
MEREDITH : Et maintenant...
RICHARD : Je m'y suis habitué et maintenant j’apprécie
vraiment ma situation.
MEREDITH : Vous devez avoir des milliers et des milliers
de morceaux. Comment choisissez-vous lesquels vous voulez sortir
?
RICHARD : Je n‘ai pas envi de sortir tous les morceaux
que j’ai faits. Certains sont très personnels, certains sont
écrits pour des gens spécifiques. Je ne voudrais pas que
n’importe qui puisse les avoir. Ils sont comme mes petits bébés.
Pour d’autres, je m’en fous complètement.
MEREDITH : Voudriez-vous faire un hit, la chanson pop qui
pourrait exploser les charts ?
RICHARD : Comment savez-vous que je n'en ai pas ? [rires]
J’ai fait des tonnes de choses secrètes. Il y en a pas mal
que personne ne pourrait imaginer. Mais il y a aussi beaucoup de
gens qui pensent que tout ce qui est électronique est de moi.
On m’a associé à tant de choses, c'est incroyable. Je me
considère comme étant pratiquement comme tout le monde, tout
le monde et personne.
MEREDITH : Les gens s'attendent à ce que vous fassiez
des choses si diverses. Vous êtes l'opposé de quelqu'un comme
Squarepusher, par exemple. Son travail est si distinctif que
n'importe quel morceau que j'ai jamais entendu, y compris ceux
inédits que vous m’avez passés sur votre ordinateur, est immédiatement
reconnaissable. Tandis que la majorité de votre travail diffère
radicalement d’un morceau à l’autre.
RICHARD : C'est drôle, avec la musique pop il n'y a
d'habitude aucun doute entre un certain chanteur et un autre.
Mais avec beaucoup d'artistes électroniques, les gens disent
"Cet artiste est vraiment étonnant, ils sont le meilleurs
dans le monde, mais ce morceau est-il d’eux ?"
MEREDITH : Je vois un masque de votre visage accroché au
mur. Il vient d'un des clips de Chris Cunningham, non ?
RICHARD : Ouais, il vient de Come To Daddy.
MEREDITH : Flippant !
RICHARD : Dérangeant, n'est-ce pas ? Ma petite amie et
moi nous sommes fait peur plusieurs fois avec ce putain de truc.
Je le portais au lit et je me suis mis les couvertures sur moi,
ensuite je me suis pelotonner contre elle et j’ai attendu
qu’elle s’approche. Et puis elle m’a caressé le visage
avec le masque ! [rires] Elle m'a fait exactement la même chose
trois mois plus tard.
MEREDITH : De quoi est-il fait ?
RICHARD : En silicone. Ils ont utilisé mon visage mais
ça ne donnait rien qui ne me ressemble – on aurait dit que
j’étais en train de chier. Donc ils ont dû le sculpter à
partir de photos. Plutôt réussi sauf qu’ils ne m'ont pas mis
de sourcils. Et ce ne sont pas mes dents. Tous les masques sont
différents. Les noirs sont vraiment excellent - ils ont été
fait pour le clip de Windowlicker.
MEREDITH : Ces deux clips de Chris Cunningham sont étonnants.
Ils s’accordent parfaitement avec votre musique.
RICHARD : C'est drôle, parfois les gens se réfèrent à
eux comme à "mes clips". C'est ma musique, mais ce ne
sont pas mes clips. Je ne les ai pas faits.
MEREDITH : Windowlicker et Comme To Daddy se moquent de
certains genres. Come To Daddy semble dire "le Black Metal
déchire mais c’est comme ça qu’il doit être fait !"
Et Windowlicker, "RnB, je t’aime profondément, mais
n’as-tu pas honte ?"
RICHARD : J'ai œuvré dans tellement de genres,
cependant les gens pensent toujours que je fabrique consciemment
ces idées. J'envie toujours les gens qui font seulement une
chose - je pense que ça doit être tranquille. Mais je ne
voudrais certainement pas faire la même sorte de musique tout
le temps. Je deviendrais fou. Come To Daddy m’est venu tandis
que je traînais aux alentours de ma maison en m’emmerdant et
en chantonnant ce jingle Death Metal merdique. Après il a été
commercialisé, un clip a été fait et cette petite idée que
j’avais eue, qui était une plaisanterie, s’était métamorphosée
en quelque chose d’énorme. Pas terrible.
MEREDITH : Vous ne faites pas parti du
"show-biz".
RICHARD : En fait, je ne suis pas dans le trip média. Ca
a été le cas pendant un moment mais je ne le referai jamais.
Je pourrais faire d'autres clips mais je n’en ferai jamais un
autre qui soit mainstream.
MEREDITH : Ces morceaux sont entrés dans le mainstream ?
RICHARD : Un peu. Come To Daddy est devenu connu - pas en
Amérique, mais ici. Il est arrivé à la 16ème
place dans les charts et était en bonne voie vers le top. J'ai
dû retirer le disque pendant une semaine pour qu’il sorte. Je
l’ai juste un peu protégé.
MEREDITH : Pourquoi avoir fait ça ?
RICHARD : Je pense que c’est mauvais d'être vraiment
trop célèbre, parce que vous finissez parmi les visages connus
qu'ils vous aiment ou non. C'est une pensée vraiment horrible.
La chose la plus chiante pour les gens célèbres est qu'ils
doivent assumer le fait que les gens veulent les écouter ou les
regarder tout le temps.
MEREDITH : C'est ce qui fait la beauté d'Internet, je
pense. Vous pouvez choisir votre propre contenu au lieu d’être
bombardé avec de la merde qui a été choisie pour vous.
RICHARD : Je suppose que tous les médias ressembleront
à ça tôt ou tard. Les gens devront jouer de leur intelligence
et décider ce qu'ils veulent écouter ou voir. À l'heure
actuelle, la plupart des personnes ne le font pas. Ils allument
juste la télé et sont tout à fait heureux d'être nourris
quel que soit la retransmission. En Amérique, vous avez plus de
choix, bien qu'il n'y ait pas en réalité de contenu intéressant.
Mais en Grande-Bretagne, il y a toujours seulement cinq chaînes.
MEREDITH : Et encore c’est un développement assez récent.
RICHARD : C’est vrai. Quand j’étais adolescent, il y
avait seulement trois chaînes. C'était intéressant parce que
tout le monde regardait les mêmes programmes. Ainsi si vous
saviez l'âge de quelqu'un, vous saviez aussi quelles émissions
il avait vu des millions de fois, assis juste là à regarder la
télé avec ses parents.
MEREDITH : La télévision était plus un événement.
Les gens la regardaient en téléphonant avec un ami.
RICHARD : Les gens le font toujours, maintenant ils le
font sur des portables. Je le sais parce que j'ai un scanner de
portable et que j'écoute des conversations. Tard dans la nuit,
beaucoup de couples se téléphonent et regardent des films
ensemble. C'est un passe-temps vraiment populaire. Je pourrais
écouter ça pendant des heures. Comme ils regardent leur film,
vous pouvez allumer la télé et le regarder avec eux. Vous avez
un commentaire simultané. Si vous écoutez pendant plus de
quinze minutes, vous finissez toujours par avoir quelque chose
de chaud.
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